CONFÉRENCE PRÉ-OURAGAN 2024 / JOUR 3

Abris dans les situations d’urgence

Dans le domaine des abris, l’ IFRC a un double rôle de coordination et d’opération pour soutenir l’amélioration de la préparation des abris d’urgence avant et immédiatement après la survenue d’une catastrophe.

Dans les activités de préparation et de réponse aux ouragans en milieu urbain, un abri décent doit inclure : la sûreté, la sécurité, la santé, l’intimité, l’éducation, l’intégration, l’eau et l’assainissement, la connectivité, les moyens de subsistance, le transport. La gestion des abris influe également sur le sentiment d’appartenance et la communauté. 

Les conséquences des catastrophes sur les abris et les environnements urbains sont variées. Dans les maisons, les portes et les fenêtres se brisent, permettant au vent de pénétrer et d’endommager les toits, les infrastructures et les biens ménagers, les arbres déracinés peuvent endommager les zones environnantes, et même les structures les plus solides peuvent être endommagées.  

Les inondations peuvent éroder les routes et les ponts, provoquer des glissements de terrain et perturber les transports, affectant ainsi les économies nationales et locales et les moyens de subsistance. Les inondations peuvent également affecter les sources et les réserves d’eau, augmentant ainsi le risque de maladie. En outre, des pannes d’électricité et de communication peuvent se produire, perturbant les services essentiels et affectant les interventions d’urgence. Les inondations nécessitent beaucoup d’argent pour leur rétablissement. 

Comment pouvons-nous nous préparer à l’arrivée imminente d’un ouragan ou d’une tempête ? 

Tout d’abord, la réponse est déterminée par la capacité de financement. Parmi les activités de préparation, citons : le renforcement des abris, la localisation des familles d’accueil, les accords avec les prestataires de services financiers pour la distribution de l’aide en espèces, le renforcement des capacités avec d’autres agences et acteurs locaux, l’équipement des abris collectifs, les plans d’évacuation, le pré-positionnement des kits, le plaidoyer et la diffusion de messages clés. 

Comment réagir face à un ouragan ou une tempête ?

Au début du redressement, la rapidité est essentielle pour sauver des vies. Les actions comprennent des évaluations techniques, la réparation ou la modernisation des abris collectifs, la réinstallation des familles déplacées, la distribution d’argent, la fourniture de kits ménagers et d’abris temporaires, l’enlèvement et le recyclage des débris, le renforcement des capacités pour reconstruire en mieux et en plus sûr, et l’intégration de l’approche de la participation et de la protection communautaires, de l’égalité des sexes et de l’inclusion à toutes les étapes. En outre, ils ont souligné l’importance d’un suivi et d’une évaluation constants afin d’identifier les domaines à améliorer et les leçons à tirer. 

Dans le domaine des abris, les impacts environnementaux des catastrophes, qui varient d’un endroit à l’autre, doivent également être pris en compte. Les débris tels que les arbres tombés, les appareils ménagers, les produits chimiques ou les pesticides en sont des exemples. Tous ces éléments se retrouvent dans l’eau et la contaminent, endommageant les réserves d’eau et entraînant la stagnation de l’eau, ce qui accroît le risque de maladies à transmission vectorielle.  

Ces impacts environnementaux et d’autres doivent être pris en compte dans toutes les actions liées aux abris, afin de réduire les risques, de construire mieux et de manière plus sûre, et d’accroître la résilience au changement climatique. 

l’ IFRC dirige le groupe RED-LAC sur les abris, qui est composé de 18 agences humanitaires travaillant dans le domaine des abris et des établissements humains. Ce groupe a élaboré un plan de travail pour la préparation aux catastrophes qui comprend, entre autres, la cartographie des partenaires humanitaires, la cartographie des abris collectifs et l’auto-évaluation des capacités au niveau national. 

Aide en espèces et en bons dans les situations d’urgence

Des représentants de l’ IFRC, de la Croix-Rouge de la République Dominicaine, de la Croix-Rouge Colombienne et de RedRose ont participé à cette session, qui a permis d’examiner certains des programmes d’aide financière que les sociétés nationales peuvent utiliser dans les situations d’urgence.

Les programmes d’argent liquide collectent, stockent et utilisent des données tout au long du cycle de vie du programme. Il s’agit de données personnelles (l’enregistrement des personnes touchées par la crise), de données financières (l’allocation des fonds et la distribution de l’argent) et de données relatives au programme (le statut du programme).

L’ IFRC a pour objectif de distribuer 50 % de son aide sous forme d’assistance en espèces et de coupons. Grâce à un partenariat avec RedRose, certaines sociétés nationales ont déjà entamé ce processus.

RedRose est une plateforme de gestion de données qui s’intègre à des outils de collecte de données tels qu’ODK/Kobo pour gérer les données (par exemple les détails des bénéficiaires, le suivi des prix du marché, les enquêtes post-distribution) et à des mécanismes de paiement (par exemple l’argent mobile, les envois de fonds, les bons électroniques) pour distribuer l’aide en espèces et permettre une réconciliation automatisée de manière sécurisée et vérifiable. La plateforme offre des capacités de suivi et d’établissement de rapports et peut également être utilisée pour d’autres types d’aide, comme l’aide en nature et les services.

Les transferts d’argent liquide offrent aux communautés l’autonomie de choisir ce à quoi elles dépensent leur argent. RedRose est présent dans 52 pays, touchant plus de 100 millions de personnes, et peut s’adapter à n’importe quel contexte. La plateforme peut être utilisée dans le cadre d’actions d’anticipation ou de réponse et peut également être adaptée à la langue locale. En cas d’urgence, RedRose pourrait également déployer des représentants sur le terrain pour apporter son soutien. La sécurité est également une priorité et divers mécanismes de protection sont en place, notamment la restriction de l’accès à certaines informations privées et la conformité aux réglementations en matière de protection des données. 

La Croix-Rouge de la République dominicaine et la Croix-Rouge colombienne ont fait part de leur expérience de l’utilisation de la plateforme RedRose. La Croix-Rouge de la République dominicaine a tiré une leçon importante : il est important de placer la famille au centre de ses opérations et de la faire participer au processus de prise de décision. 

Pour la Croix-Rouge colombienne, l’utilisation de la plateforme RedRose a permis de réduire considérablement le temps et les processus administratifs afin de pouvoir distribuer de l’argent plus efficacement aux personnes touchées. Grâce à la plateforme, tout peut être fait automatiquement et permet une plus grande consolidation des informations. 

Les trois principales recommandations pour les sociétés nationales qui souhaitent améliorer leur CVA pendant la saison des ouragans sont les suivantes : 

Identifier les fournisseurs de services financiers avant les situations d’urgence. L’éventail des fournisseurs est large et diversifié, et nous pouvons sélectionner ceux qui fournissent les services spécifiques nécessaires dans chaque contexte. Une fois identifiés, signer avec eux des accords-cadres qui pourront être activés avec souplesse en cas de crise. Cela rendra l’assistance en espèces plus souple.   

Mettez à jour vos connaissances des outils technologiques. De nombreuses procédures CVA étaient manuelles, mais il existe désormais des plateformes et des outils qui les automatisent et nous permettent de gérer les données et de fournir le service de manière plus agile. Identifiez les plus pertinents et formez-vous à leur utilisation.

Promouvoir l’utilisation de RedRose dans votre pays. Cette plateforme est compatible avec différentes entités bancaires et peut être intégrée à divers fournisseurs financiers, ce qui augmente la possibilité de l’utiliser dans différents contextes.

Santé publique dans les situations d’urgence

L’impact des ouragans sur la santé des communautés et des groupes les plus vulnérables est indéniable et souvent exacerbé par des conditions d’inégalité sociale et économique qui poussent déjà les gens à vivre dans des situations à risque. L’IFRC travaille depuis des décennies à rendre les services de santé accessibles et de bonne qualité, en s’appuyant sur le renforcement de la préparation et des actions proactives.  

Pour illustrer ce travail, la Croix-Rouge Guatémaltèque et la Croix-Rouge Colombienne ont présenté leurs programmes de santé publique dans les situations d’urgence.

Les deux Sociétés Nationales disposent d’un système de santé complet qui intègre les soins de santé sexuelle et reproductive, la santé mentale et le soutien psychosocial, la protection, le genre et l’inclusion, la lutte contre les épidémies et la gestion des risques de catastrophe. 

Les actions humanitaires dans le domaine de la santé publique comprennent : l’évaluation des capacités, l’acheminement de l’aide humanitaire, la réponse immédiate en matière de soins médicaux et de services ambulanciers, les soins préhospitaliers, la collecte de sang dans les contextes d’urgence, les premiers secours psychologiques, les actions visant à garantir l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la promotion des droits et la prévention de la violence, le nettoyage et la désinfection des puits, la promotion de l’hygiène, entre autres. 

La Croix-Rouge Colombienne a souligné ses efforts pour apporter des services de santé accessibles et de qualité dans les territoires difficiles d’accès grâce à ses unités de santé mobiles et au renforcement de la santé communautaire. 

Parmi les situations d’urgence récentes dans lesquelles ces Sociétés nationales sont intervenues figurent les ouragans Eta et Iota, la tempête Julia, l’éruption du Volcan de Feu, la pandémie de COVID-19 et les épidémies de dengue et d’autres maladies à transmission vectorielle. 

Enfin, ils ont mis en lumière certaines leçons tirées pour les soins de santé publique dans les situations d’urgence : 

  • La nécessité de s’occuper de ceux qui s’occupent d’eux, d’inclure des programmes d’autosoins pour les volontaires et le personnel. 
  • Il est important de renforcer les capacités de la Société nationale, d’assurer une formation et une mise à jour constantes, et non pas par projet. 
  • L’importance de générer des plans d’action précoce (PAP). 
  • Élaborer à l’avance des processus de gestion logistique et administrative, afin de disposer d’un équipement et d’un personnel adéquats, formés et renforcés pour faire face à la situation d’urgence. 
  • Coordination constante avec les partenaires 
  • Incorporer des politiques et des réglementations qui soutiennent les actions et les plans. 

Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) 

Le passage des ouragans Eta et Iota en 2020 a obligé notre réseau mondial à renforcer et à compléter ses capacités pour répondre aux besoins de millions de personnes touchées dans tous les pays d’Amérique centrale. L’eau, l’assainissement et l’hygiène ont constitué l’un des principaux domaines d’articulation. Par exemple, la Croix-Rouge Allemande a mobilisé son unité d’urgence spécialisée dans la production d’eau potable, tandis que la Croix-Rouge Hondurienne a remis en état des équipements hydrauliques utilisés depuis l’ouragan Mitch il y a 20 ans. 

Conscients de la puissance du travail en coordination et de la forte probabilité de récurrence d’ouragans comme Eta et Iota, la Croix-Rouge du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Panama et du Salvador ainsi que l’ IFRC ont décidé de créer une initiative qui leur permettrait de multiplier leur capacité à fournir des services d’eau et d’assainissement dans la région. 

C’est ainsi qu’est né le WASH Hub. Son objectif est de renforcer la gestion des urgences avec une approche WASH, où les capacités humaines et logistiques sont renforcées pour anticiper et répondre aux différentes urgences, y compris les tempêtes et les ouragans.

Avec son inventaire actuel de ressources, le WASH Hub a la capacité de produire 114 mètres cubes d’eau potable par heure. Cela permettrait de desservir environ 182400 personnes par jour.

L’initiative sera soutenue techniquement et financièrement par la Croix-Rouge Allemande pendant ses trois premières années et fonctionnera sur la base de cinq piliers stratégiques : le renforcement des capacités, l’équipement et la maintenance, la planification et le diplomacy, l’activation et le déploiement, et la durabilité.

Dans les Caraïbes, la Plateforme d’intervention de la Croix-Rouge Française pour les Amériques (PIRAC) a mis au point une solution pour garantir l’accès à l’eau potable aux personnes touchées par les tempêtes et les ouragans dans les territoires insulaires. Il s’agit d’une usine de dessalement qui permet de transformer l’eau de mer ou de mangrove en eau potable. 

Cette initiative est née en 2021, lorsque la technologie a été testée pour séparer l’eau du sel dix jours d’affilée. Après le succès du test, les phases d’amélioration technique et de formation des spécialistes pour son fonctionnement ont commencé. Aujourd’hui, cette usine est à la disposition de tout pays des Caraïbes victime d’une catastrophe lors de la prochaine saison cyclonique. 

Son fonctionnement est simple : l’eau eeldxtraite de la mer ou des mangroves est traitée puis passe par un processus d’osmose inverse qui sépare le sel de l’eau. Elle est ensuite filtrée, stockée et acheminée directement aux personnes qui en ont besoin. L’utilisation de cette station est également respectueuse de l’environnement, puisqu’elle permet d’éviter l’utilisation de 8 000 bouteilles en plastique par jour. 

11:25 12:10 Leadership féminin et protection du genre et de l’inclusion (PGI)

Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’est engagé à promouvoir le leadership des femmes depuis de nombreuses années. Ce travail s’inscrit dans le contexte de la résolution 12 du Conseil des délégués de 2017 et, dans la région des Amériques, de l’évaluation de l’état de l’organisation en matière de genre et d’inclusion, réalisée en 2019. 

À partir de cette évaluation, la décision cruciale a été prise d’inclure dans la stratégie régionale de l’ IFRC une ligne spécifique pour guider le travail sur l’équité et le leadership des femmes. C’est ainsi qu’est né le programme régional pour l’équité et le leadership, qui vise à faire en sorte que davantage de femmes accèdent à des postes de direction en étant préparées et en bénéficiant de conditions qui leur permettent de rester dans ces rôles et de réussir. En outre, le programme vise à maintenir et à créer des environnements de travail sûrs. Ce programme existe depuis plus de quatre ans et impliquera bientôt davantage de Sociétés nationales. 

Des représentants de la Croix-Rouge canadienne, de la Croix-Rouge du Costa Rica et de la Croix-Rouge de la Barbade ont participé à cette session pour illustrer quelques exemples du travail actuellement réalisé dans le domaine de la protection, du genre et de l’inclusion (PGI) au niveau national. 

La Croix-Rouge canadienne a adopté des stratégies pour les femmes, les jeunes et les groupes LGBTIQ+ autochtones, en s’attaquant aux obstacles qui les empêchent d’accéder à des postes de direction, en instaurant une culture de l’inclusion pour qu’ils réussissent dans ces rôles et en coordonnant avec d’autres organisations et pays l’intégration de l’approche dans les politiques, les processus de recrutement, les plans et les projets.  

Ils sont passés d’une équipe de gestionnaires de réponse rapide composée majoritairement d’hommes qui n’étaient pas formés à l’approche IGP à une équipe composée majoritairement de femmes et disposant des compétences nécessaires pour appliquer les composantes de l’IGP de manière transversale. En outre, pour soutenir l’ensemble du mouvement, la Croix-Rouge canadienne appuie les initiatives de leadership des femmes par le biais d’un mentorat et d’un soutien financier.  

Pour sa part, la Croix-Rouge du Costa Rica a mentionné certaines des réalisations qu’elle a accomplies en termes de genre et d’inclusion. Par exemple, l’actuel président de la Société nationale est la première jeune femme à occuper ce poste. En outre, les statuts fondateurs de la Croix-Rouge établissent la parité hommes-femmes dans les espaces de prise de décision, et la Croix-Rouge dispose de politiques d’égalité en matière d’embauche.  

Elle a également souligné la manière dont la Croix-Rouge a brisé les stéréotypes de genre pour promouvoir l’égalité des chances en matière de développement professionnel dans les différents domaines d’activité dans lesquels elle travaille. Elle a mentionné l’inclusion d’une majorité de jeunes dans le bénévolat, qui représentent 62% de leur base de bénévoles. 

L’intervenante de la Croix-Rouge de la Barbade a raconté comment elle a vécu la transition d’un leadership dirigé par des hommes à un leadership dirigé par des femmes. Pendant plus de 20 ans, le pouvoir a été centralisé entre les mains d’une seule personne, ce qui a eu des répercussions sur d’autres aspects du programme : les soins d’urgence, le travail communautaire et les relations avec le gouvernement.  

En l’espace d’un an, des changements majeurs sont intervenus au niveau du programme et du conseil d’administration. Aujourd’hui, le nouveau directeur général, le président et le vice-président sont tous des femmes. Le nouveau plan stratégique détaille l’approche transversale de l’inclusion.  

Engagement communautaire et redevabilité (CEA) 

Au cours de cette session, dirigée par l’équipe régionale de la l’ IFRC chargée de l’engagement communautaire et la redevabilité (CEA), des représentants de la Croix-Rouge Équatorienne, Chilienne et de la République Dominicaine ont partagé leur expérience de l’utilisation de l’approche CEA dans le cadre de diverses opérations d’urgence. 

La Croix-Rouge Équatorienne a expliqué comment elle avait intégré cette approche lors d’une opération de lutte contre les inondations financée par le DREF. Cette approche lui a permis de comprendre les besoins locaux et d’accéder aux informations nécessaires pour développer les capacités des communautés. Elle l’a également aidée à mieux coordonner les activités avec d’autres agences et à identifier les rôles respectifs afin d’éviter la duplication des efforts. 

Dans le cadre de l’opération, ils ont créé des podcasts axés sur la communauté, ce qui leur a permis d’entendre les voix des membres de la communauté et d’obtenir un retour d’information directement de leur part, tout en leur donnant un moyen de s’exprimer. De cette manière, des liens mutuels et de la confiance ont été établis entre la Croix-Rouge et la communauté.  

La Croix-Rouge Chilienne a mené trois opérations DREF contre les inondations et les incendies en utilisant l’approche CEA. Elle a utilisé des mécanismes de retour d’information tels que des boîtes à idées, des entretiens en porte-à-porte, des groupes de discussion, etc. pour obtenir des informations de la communauté sur ses attentes, sur ce qui a fonctionné et sur ce qui pourrait être amélioré. 

Ils ont appris qu’il ne suffit pas de supposer ce dont la communauté a besoin, mais qu’il faut lui demander quels sont ses besoins. Travailler avec la communauté est extrêmement important, non seulement pour renforcer la réponse à l’urgence, mais aussi pour montrer la valeur de la participation de la communauté au processus. Elle a souligné que l’ACE contribue à améliorer la responsabilité et la confiance au sein de la communauté. 

La Croix-Rouge Dominicaine a également intégré l’évaluation des besoins de la communauté dans son opération contre les inondations, ce qui lui a permis de mieux comprendre les besoins des membres de la communauté, en particulier des femmes, sur des questions telles que la santé génésique. L’approche de l’évaluation des besoins de la communauté a permis de mieux systématiser et organiser la réponse d’urgence, car elle a permis de mieux cibler les communautés et les partenaires locaux.

L’un des plus grands défis auxquels les représentants ont été confrontés lors de l’intégration de la participation communautaire a été de s’assurer que le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge comprenaient la nature transversale et le rôle de l’approche, une approche qu’ils mettaient en œuvre depuis un certain temps, mais pas de manière systématique. Il a donc été difficile d’aider les gens à s’adapter à la nouvelle culture de travail, qui met l’accent sur le changement de comportement, un processus qui peut s’avérer difficile. Toutefois, grâce à la formation et à l’intégration de l’approche dans les activités quotidiennes, un tel changement est possible.

Rétablissement des liens familiaux – Préparation et réponse aux urgences

Le rétablissement des liens familiaux (RLF) est un élément essentiel de la réponse aux situations d’urgence. L’objectif de ce programme est de rétablir les liens entre les familles qui ont été séparées en raison d’un conflit armé, de la violence, d’une catastrophe ou de mouvements de population. Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fourni des informations sur le programme de rétablissement des liens familiaux et a indiqué qu’il faisait partie de la Stratégie pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge 2020-2025. 

Le rôle principal des Sociétés nationales est de répondre aux besoins en RLF dans les situations d’urgence, tandis que le CICR fournit un soutien technique et des conseils. La FICR s’efforce d’aider les Sociétés nationales à inclure le RLF dans leurs plans de développement et leurs plans de préparation et d’intervention en cas de catastrophe. 

Les interventions de RLF dans les situations d’urgence doivent protéger et soutenir les victimes, aider les victimes à communiquer, rechercher les victimes et permettre l’intervention. Elle doit également respecter les principes fondamentaux du RLF, notamment 

  • Le respect des politiques et des statuts
  • Ne pas nuire
  • Le respect de l’individu
  • Cohérence avec le réseau mondial de RLF
  • La protection des données
  • Responsabilité
  • Service rapide, opportun et pertinent

Lorsqu’une catastrophe survient, les besoins en matière de RLF se font souvent sentir non seulement pour les personnes se trouvant directement dans la zone sinistrée, mais aussi pour les membres de la famille anxieux qui se trouvent en dehors de la zone sinistrée et qui souhaitent connaître la situation de leurs proches. 

Les réponses possibles en matière de RLF lors de catastrophes pourraient inclure la prévention de la séparation, la fourniture à la population touchée des moyens de contacter les membres de la famille en dehors des zones touchées, l’enregistrement des groupes vulnérables, la recherche des personnes disparues (tracing) et la publication de mises à jour par le biais du site Internet du RLF, d’alertes, etc. ainsi que la réponse du Mouvement en matière de déplacement.

La Croix-Rouge mexicaine a fait part de son expérience avec l’ouragan Otis, qui a frappé Acapulco (Guerrero) en 2023, et a noté que le RLF faisait partie de la réponse nationale à la catastrophe. Les conséquences de l’ouragan Otis ont été importantes, avec des dégâts considérables, et le service national de RLF a été activé pour aider à rétablir le contact entre les familles. 

La Croix-Rouge mexicaine compte plus de 100 volontaires formés au RLF, mais aucun n’était disponible pour être déployé dans les zones sinistrées. Des cours de courte durée sur le RLF ont donc été dispensés spécifiquement aux volontaires de la Croix-Rouge mexicaine d’Acapulco Guerrero et des délégués du RLF ont été déployés à différents stades de l’intervention pour fournir un soutien, des entretiens de sensibilisation et des services de connectivité afin de maintenir l’unité des familles. 

Plus de 7 500 personnes ont bénéficié des services du RLF pendant l’ouragan Otis. Sur les 946 demandes de recherche reçues, plus de 898 ont été clôturées positivement.

En raison de l’intensité, de la dévastation, de la fréquence et de la complexité accrues des catastrophes telles que l’ouragan Otis, l’efficacité de la réponse humanitaire peut être limitée car les équipes de RLF sont confrontées à des conditions très difficiles sur le terrain. Dans de tels cas, il est également nécessaire d’augmenter les ressources financières et matérielles et le nombre de spécialistes et de volontaires formés au RLF disponibles pour fournir une assistance opportune et pertinente. La coordination entre les partenaires du Mouvement et entre ceux-ci et d’autres acteurs peut également être améliorée. 

Le service de RLF de la Croix-Rouge mexicaine a également pu s’appuyer sur l’expérience de ses spécialistes déployés lors de catastrophes précédentes pour intégrer dans sa réponse, par exemple, des sessions de sensibilisation pour aider à maintenir l’unité des familles.

Actions préparatoires dans des contextes de mobilité humaine

L’approche de la préparation à une réponse efficace (PER) fournit aux Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge un mécanisme permettant d’identifier les faiblesses de leur système de réponse aux catastrophes et les moyens de le renforcer. Ce mécanisme peut être appliqué avant les urgences ou dans la phase initiale d’une urgence, toujours par le biais d’un processus participatif, basé sur l’honnêteté, l’autocritique et l’engagement à mettre en œuvre des actions d’amélioration.

Le PER permet d’évaluer la réponse en général ou par secteur. Rien qu’en 2021, 71 SN ont mis en œuvre des réponses humanitaires ou des programmes à long terme pour répondre aux besoins de la population migrante. En d’autres termes, 9 SN sur 10 interviennent dans des contextes migratoires. Il est donc particulièrement pertinent d’évaluer nos capacités de réponse dans ce domaine.

Pour réaliser cette évaluation, la première étape consiste à demander officiellement le lancement du processus par l’intermédiaire de la délégation compétente de l’ IFRC. Cette phase initiale comprend la définition de la méthodologie et la mise en œuvre de l’atelier d’évaluation, qui dure deux jours, et la socialisation des résultats.

Pour la Croix-Rouge Guatémaltèque, l’évaluation de ses capacités de réponse dans les contextes migratoires lui a permis de passer au crible ses procédures de travail et de voir en détail ses points forts et ses domaines d’amélioration. Elle a également permis de collecter des données qui seront très utiles pour la conception des futurs plans de formation, de financement et de gestion des opérations. 

Dans le cas de la Croix-Rouge Panaméenne, l’expérience a été similaire, mais elle a trouvé particulièrement pertinente la possibilité d’examiner de près non seulement ses procédures de réponse, mais aussi sa préparation à d’éventuels pics de flux migratoires. L’évaluation a porté sur les domaines de la gestion technique, opérationnelle et managériale. Elle a également mis en évidence la valeur d’une coordination interne et externe souple et a renforcé l’engagement professionnel et humain des équipes impliquées dans les interventions migratoires.

Parmi les conclusions des deux évaluations nationales, les suivantes se distinguent :

  • La reconstruction de la mémoire institutionnelle sur la réponse aux déplacements et aux mouvements de population au fil du temps.
  • L’identification des clés du dialogue avec l’État et les autres acteurs humanitaires sur la manière d’intervenir dans le contexte migratoire.
  • Définir le rôle de la Croix-Rouge dans la gouvernance nationale de la préparation et de la réponse humanitaire dans le contexte de la migration.
  • Identifier la valeur ajoutée stratégique de la Croix-Rouge dans l’assistance aux populations en mouvement et aux communautés d’accueil, y compris dans les processus d’intégration sociale.
  • Incorporation d’une vision stratégique, et pas seulement technique, sur la manière de fournir une assistance humanitaire aux populations migrantes et déplacées.

Les résultats obtenus par les Sociétés nationales au cours de leur auto-évaluation leur permettront de

  • Améliorer la compréhension interne et externe du rôle auxiliaire de la Croix-Rouge dans la migration et le déplacement.
  • Apprendre à mieux lire le contexte changeant de la migration.
  • Disposer d’éléments de qualité pour la conception de scénarios à moyen et long terme.
  • Améliorer la qualité de l’analyse des risques.
  • Mieux définir les mesures de préparation, afin qu’elles ne soient pas génériques mais adaptées au contexte.
  • Améliorer les interventions de préparation et de réponse déjà en place.
  • Améliorer les systèmes d’établissement de rapports, d’apprentissage et de gestion des connaissances.
  • Mieux définir les plans de formation pour le personnel et les bénévoles.
  • Améliorer la coordination et la communication externes et internes.
  • Intégrer les migrations et les déplacements en tant que composante stratégique du plan de développement institutionnel des services nationaux.
  • Organiser des réunions transfrontalières pour améliorer l’intervention dans les zones frontalières, mais aussi pour renforcer les interventions complémentaires entre les SN.
  • Poursuivre les exercices de suivi et d’évaluation continus.

En général, cette évaluation permet un suivi après l’évaluation initiale, afin de s’assurer que ses résultats sont convertis en actions. L’outil comporte également des points à améliorer, en particulier dans les domaines de la protection, du genre et de l’inclusion, ainsi que de la diplomatie humanitaire.

Évaluation du rétablissement et planification de la transition

Le rétablissement n’est pas une phase ; nous devrions être prêts à commencer dès le premier jour de l’urgence. Mais dans la réalité, les situations d’urgence sont complexes et il arrive que nous commencions à nous relever au troisième ou au quatrième mois de la situation d’urgence. 

Le relèvement est l’occasion pour les Sociétés nationales d’innover, de renforcer leurs capacités et de repenser leur modèle organisationnel. Il s’agit d’un modèle global qui doit être intégré au niveau structurel. L’objectif est d’éloigner les personnes des approches de remplacement et de les faire entrer dans une phase de stabilisation et de durabilité. C’est un moyen de renforcer la dignité et l’autonomie. 

Dans un plan de relance, le timing est très important, il faut se coordonner avec d’autres organisations à l’avance pour voir ce qu’elles font et ne pas dupliquer les efforts. La capacité à créer des réseaux et des partenariats dans le domaine de la réhabilitation peut apporter une valeur ajoutée en termes de coûts et de temps.

Tenez compte de l’échelle et de la portée de l’opération et de la stratégie de mobilisation des ressources – vous pouvez planifier beaucoup de choses mais ne pas avoir les moyens de les maintenir. Veillez à inclure la participation de la communauté, afin de favoriser le dialogue et la confiance dans les communautés. Un plan de reconstruction durable doit comprendre une stratégie et des priorités à long terme et intégrer la réduction des risques de catastrophe et la durabilité environnementale. 

Processus d’évaluation de la reconstruction :   

  1. Produire ou contribuer à une analyse détaillée du contexte, permettant la création d’un cadre analytique pour guider la programmation. 
  2. Principes : Identifier les caractéristiques clés pour guider la réponse. 
  3. Contribuer à la conception des activités d’assistance, en identifiant des alternatives aux options de remplacement lorsque cela est possible et en maximisant l’utilisation des capacités existantes. 
  4. Procéder à une évaluation du relèvement rapide, en cherchant à cartographier les voies préliminaires du relèvement et les principales différences entre les groupes et les lieux. Contribuer au calcul du panier minimum de dépenses (PMD). Le panier de dépenses minimum représente les articles et services essentiels minimaux dont les personnes ont besoin pour mener une vie digne et se remettre de l’impact des catastrophes.
  5. Soutenir la transition entre la réponse d’urgence et le soutien programmatique à plus long terme. 
  6. Identifier les efforts d’auto-récupération et les caractéristiques qui les rendent possibles. 
  7. Diriger un processus d’évaluation détaillée du marché afin d’éclairer les programmes relatifs aux moyens de subsistance et au relèvement. 
  8. Concevoir des interventions basées sur le marché et contribuer à la conception d’une programmation efficace dans les moyens de subsistance existants et nouveaux. 
  9. Soutenir l’apprentissage tout au long de l’opération, par le biais de l’évaluation en temps réel et d’autres mécanismes. 
  10. Identifier les obstacles à une transition rapide pour différents groupes et chercher des moyens de les atténuer. 
  11. Identifier les caractéristiques des groupes qui auront des difficultés à effectuer la transition vers le rétablissement et veiller à ce qu’ils ne soient pas laissés pour compte. 

Principales conclusions : 

  • Intégrer le concept de reprise dans les opérations dès le premier jour et tenir compte du calendrier. 
  • Veiller à ce que les filiales soient soutenues par des partenaires locaux (chambres de commerce, associations), qu’elles soient bien connectées à ces derniers et qu’elles s’appuient sur les processus d’autorécupération en cours. 
  • Envisagez des scénarios de reprise – Planifiez la viabilité à long terme.  
  • Incluez la réduction des risques de catastrophe dans votre plan et tenez compte de la durabilité environnementale. 
  • Calibrer la portée des opérations (totalement intégrées ou plus larges mais moins profondes). 
  • Gérer les attentes fondamentales du gouvernement dans son rôle d’auxiliaire. 
  • Pour les appels d’urgence ou les opérations à grande échelle : garantir des ressources financières et techniques pour le rétablissement à long terme.
  • Promouvoir la participation de la communauté et les mécanismes de retour d’information afin d’adapter en permanence la prestation de services.

Programmation intelligente face au climat

L’Amérique latine est la deuxième région du monde la plus exposée aux catastrophes, après l’Asie-Pacifique. Entre 2000 et 2022, 1534 catastrophes et 190 millions de personnes ont été touchées. La tendance indique que nous serons confrontés à des événements de plus en plus fréquents et extrêmes. 

L’utilisation d’informations et de projections climatiques est la base d’une programmation intelligente en matière de climat, car elle nous permet 

  • D’analyser et de mettre en évidence les principaux risques et impacts du changement climatique 
  • Avoir une vision à moyen et long terme 
  • Étape essentielle pour pouvoir identifier, planifier et mettre en œuvre des mesures d’adaptation. 

L’approche climato-intelligente est une approche générale qui peut être appliquée à tous les secteurs ou programmes. Elle permet une bonne compréhension des risques, facilite la préparation et l’adaptation des stratégies de réponse, ainsi que la sensibilisation et le renforcement des capacités des communautés et des autres acteurs. 

Son principal objectif est d’améliorer la résilience des communautés et il vise la productivité et la durabilité, l’adaptabilité, l’atténuation et la durabilité environnementale. 

Travailler sur les moyens de subsistance ne signifie pas travailler uniquement sur les activités productives, cela inclut le développement de la préparation, de la prévention, de la protection et du renforcement des moyens de subsistance (physiques, financiers, humains, naturels et sociaux).  

Au cours de cette session, la Croix-Rouge équatorienne et la Croix-Rouge salvadorienne ont présenté des exemples d’activités qu’elles mettent en œuvre pour l’adaptation dans le cadre d’une approche intelligente du climat. 

En Équateur, elles ont développé des activités pour les sécheresses et les fortes pluies dans différents secteurs du pays. 

En cas de sécheresse, elle a fourni une aide sous forme de réservoirs de stockage d’eau, d’installation de systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, de diversification des cultures, d’installation de réservoirs d’eau avec géomembrane, de systèmes d’irrigation par micro-aspersion, de distribution de réservoirs de collecte d’eau et d’application de systèmes d’agroforesterie. 

En cas de fortes pluies, les familles ont reçu des pompes aspirantes pour la culture du riz et ont été formées à la production d’intrants biologiques pour remplacer les engrais et les produits agrochimiques. 

Dans toutes ces actions, la Croix-Rouge équatorienne souligne le travail d’articulation avec le ministère de l’agriculture et de l’élevage et d’autres entités clés pour la gestion des activités et des évaluations. 

La Croix-Rouge salvadorienne a commencé à élaborer des diagnostics communautaires afin d’identifier les impacts et les menaces liés aux conditions météorologiques extrêmes dans différentes communautés. Celles-ci ont été identifiées comme étant sujettes aux impacts des inondations et des sécheresses. De nombreuses personnes vendaient leurs moyens de subsistance pour se nourrir, ce qui indiquait également que la sécurité alimentaire était menacée. 

Trois propositions de micro-projets ont ensuite été élaborées avec le soutien du Centre des moyens de subsistance de la Croix-Rouge espagnole et de la FICR, puis validées avec les communautés. 

  • Tabancos flottants : une structure surélevée qui flotte en cas d’inondation et protège les biens des familles. 
  • Les tabancos fixes ou traditionnels : ils ont la même fonction, mais sont des structures fixes avec une plateforme surélevée à une hauteur de 2 mètres. 
  • Des silos métalliques pour le stockage des semences, accompagnés de paquets agricoles de semences améliorées qui résistent à la sécheresse et qui ont une racine assez large ancrée dans le sol pour résister aux inondations. Elle a également été complétée par une formation au compostage. 

Il existe déjà des outils spécialisés, tels que des évaluations des risques en fonction des zones géographiques, et adaptés aux secteurs productifs tels que l’agriculture et la pêche, qui peuvent nous aider à planifier des mesures d’adaptation et d’atténuation des dommages.