CONFÉRENCE PRÉ-OURAGAN 2024 / JOUR 2

Surge Capacité: Exploiter la puissance de notre réseau mondial

L’objectif de cette initiative est de renforcer les capacités de réaction aux situations d’urgence. 

Le système de réponse rapide est ouvert à tout membre du mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ayant les capacités de se déployer immédiatement pour soutenir un large éventail d’activités, notamment l’évaluation, la coordination, l’analyse, la planification et la mise en œuvre des situations d’urgence. 

La capacité de pointe est construite sur la base d’une approche fondée sur les compétences, qui comprend un cadre de compétences de base et des compétences techniques. 

Le système de gestion de la réaction rapide est une plateforme mondiale qui comprend un catalogue avec les profils standard nécessaires pour les différents domaines des unités de réaction d’urgence. Sur la plateforme, vous pouvez vous inscrire, recevoir des alertes, postuler, recevoir des informations sur la formation, des rapports, etc. Le processus de déploiement se déroule en quatre étapes : 

  • Les SN et l’IFRC identifient les rôles nécessaires en fonction des catégories dans GO  
  • L’alerte est émise dans le système par courriel.  
  • Période de 24 à 48 heures pour recevoir les candidatures  
  • Les candidats potentiels sont identifiés, l’évaluation est faite et une décision est prise. La proximité, la langue, les compétences essentielles et techniques, la disponibilité immédiate, l’équilibre entre les hommes et les femmes, entre autres, sont autant de critères qui permettent de sélectionner la bonne personne. 

Les points forts de l’expérience du personnel d’intervention rapide : 

  • Chaque déploiement est unique et constitue une expérience importante.  
  • Lorsqu’il n’y a pas beaucoup de personnes déployées, celles qui le sont sont sont impliquées dans plusieurs domaines.   
  • L’avantage d’être membre de la liste est que l’on reçoit directement les alertes.   
  • Le personnel de pointe soutient le développement des capacités installées dans la SN. 

La Croix-Rouge de la République dominicaine a fait part de ses bonnes pratiques et des avantages liés à l’envoi de personnel spécialisé dans l’engagement communautaire et l’assistance en espèces. Par exemple, elle dispose désormais de protocoles clairs et de documents écrits pour mettre en œuvre des activités dans ces deux domaines. 

Enfin, l’équipe d’intervention a reconnu que, malgré les efforts déployés, l’équilibre entre les sexes lors des déploiements reste un défi dans la région. 


Travailler ensemble pour mobiliser des fonds pour l’alerte et l’action rapides

La session sur les partenariats stratégiques et la mobilisation des ressources a réuni des représentants de l’IFRC, de l’UNDRR et d’ECHO et a examiné l’importance d’investir dans la préparation, les actions d’anticipation et les alertes précoces. 

L’IFRC fait partie de l’initiative Early Warnings for All (EW4All) 2023-2027 et est responsable du quatrième pilier – la préparation à la réponse, qui se concentre sur les actions anticipatives et les systèmes d’alerte précoce. Pour la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), il est prioritaire d’accroître les actions d’anticipation, mais il existe des lacunes en matière de financement, car plus de 50 millions de dollars sont nécessaires pour l’ensemble de l’intervention.

Un problème structurel dans la région qui doit être abordé est l’utilisation de l’information pour prendre des décisions éclairées. Il faut également renforcer le système d’alerte précoce, ce qui est actuellement en cours dans le cadre de l’initiative EW4All. 

La désinformation ou les fausses nouvelles constituent également un défi majeur qu’il convient de relever, car elles influencent parfois les décideurs. Les autorités compétentes doivent faire preuve d’une plus grande responsabilité et s’assurer qu’elles partagent des informations exactes. Il y aura toujours une marge d’incertitude, mais cette marge d’erreur est préférable au fait de ne pas utiliser l’information pour faire quoi que ce soit, car l’action anticipative nécessite des informations pour agir. 

L’UNDRR fait également partie de l’initiative EW4All et dirige le premier pilier qui concerne la connaissance des risques de catastrophes, mais il existe des lacunes importantes en termes d’information et d’évaluation des risques. Parfois, le problème n’est pas d’avoir l’information, car l’information peut exister mais il y a un manque de financement pour utiliser cette information afin de prendre les mesures nécessaires. 

L’Union européenne s’est engagée à augmenter le financement des mesures d’anticipation et a participé à plusieurs espaces de discussion sur ce sujet. Au niveau mondial, elle met en place des initiatives pilotes pour tester différentes approches. Il existe plus de 20 projets sur l’action anticipative dans le monde et il existe également des outils qui peuvent aider à tester, par exemple, le modificateur de classe. En fonction des résultats de ces projets pilotes, on déterminera ce qui pourrait devenir des initiatives à long terme. 

Le financement des actions d’anticipation suscite un intérêt croissant, mais l’un des éléments clés est la coordination, afin de garantir non seulement l’intensification des actions d’anticipation, mais aussi leur cohérence et l’implication de tous les acteurs clés, y compris les gouvernements, les agences des Nations unies, etc. Cependant, l’aide humanitaire ne peut être la seule source de financement des actions d’anticipation. 

Logistique et chaîne d’approvisionnement : comment fournir l’aide humanitaire en temps voulu, en quantité suffisante et à un prix raisonnable?

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) est un fournisseur reconnu de services de chaîne d’approvisionnement humanitaire à l’échelle mondiale, tant pour les membres du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge que pour les organisations humanitaires et les gouvernements du monde entier. Elle fournit un large éventail de services logistiques à son réseau humanitaire mondial, ce qui permet à ses membres de réagir rapidement et efficacement avant et après une catastrophe. 

Les services de l’IFRC comprennent l’approvisionnement, l’entreposage, le transport et le soutien à nos membres. Tous ces services sont axés sur un seul objectif : fournir une aide humanitaire de qualité aux personnes les plus touchées par les catastrophes, en temps voulu, en quantité et à un prix raisonnable. En d’autres termes, notre but est de faire parvenir l’aide aux populations le plus rapidement possible, en évitant les pénuries et le gaspillage, et en obtenant le meilleur rapport qualité-prix.

L’IFRC dispose d’entrepôts dans trois centres logistiques régionaux stratégiquement situés – Dubaï, Kuala Lumpur et Panama – ainsi que de stocks sous-régionaux prépositionnés pour soutenir les zones difficiles d’accès et les lieux exposés aux catastrophes.

Dans les Amériques, des fournitures médicales et non alimentaires prépositionnées pour 20 000 personnes peuvent être livrées rapidement dans les 48 à 72 heures suivant une catastrophe. 60 000 personnes supplémentaires peuvent être aidées avec succès dans les 15 jours suivant une catastrophe. 

Nous avons prépositionné des fournitures au Panama, au Honduras, en République dominicaine, en Argentine, à Trinité-et-Tobago et en Jamaïque. Ces articles comprennent des tentes, des couvertures, des bâches, des moustiquaires, des seaux, des kits de premiers secours, des kits d’hygiène, des ustensiles de cuisine, des fournitures pour l’eau et l’assainissement, ainsi que des véhicules. 

Nos services d’entreposage et de manutention comprennent le déchargement, le stockage, l’emballage, le remballage, l’étiquetage, la préparation des kits, la consolidation des commandes et le transport. Nous fournissons également des services d’achat de véhicules et de gestion de flotte, y compris l’amélioration de la capacité de la flotte des Sociétés Nationales et le développement des compétences des conducteurs dans des domaines tels que la sécurité routière. 

D’une manière générale, nous aidons les Sociétés nationales à mieux comprendre leurs besoins logistiques et à identifier les lacunes de leurs systèmes actuels. Nous pouvons les aider à concevoir des plans de développement logistique et fournir un soutien technique pour leur mise en œuvre. 

Cette session nous a également permis de découvrir un nouvel outil : la Plateforme de Stockholm https://esups.org/our-work/stockholm-platform/  Ce site web permet aux utilisateurs d’explorer les niveaux actuels des stocks humanitaires dans chaque pays du monde. Les données fournies par la plateforme incluent les stocks de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ainsi que ceux d’autres organisations.

Les lois sont essentielles pour garantir l’efficacité des systèmes d’alerte précoce et des actions précoces fondées sur des prévisions

Des représentants de l’Organisation météorologique des Caraïbes, de la Croix-Rouge du Belize et de L’ IFRC ont participé à la session sur le droit des catastrophes. 

L’Organisation météorologique des Caraïbes (CMO), qui a vu le jour en 1951, sert aujourd’hui d’organisation de tutelle pour le Conseil météorologique des Caraïbes et le Service et l’Institut météorologiques des Caraïbes. 

Les Caraïbes sont l’une des régions du monde les plus exposées aux aléas naturels, d’où la nécessité de mettre en place des systèmes d’alerte précoce multirisques. Il est également nécessaire de disposer d’informations météorologiques, climatiques et environnementales précises et opportunes, ainsi que d’une intégration et d’une application efficaces de ces informations.  

Toutefois, les systèmes d’alerte précoce multirisques doivent être étayés par des cadres juridiques et de gouvernance. L’OCM soutient la gouvernance et les dispositions institutionnelles. Malheureusement, de nombreuses organisations météorologiques nationales des États membres de la CARICOM n’ont pas de législation concernant leur existence et leur fonctionnement. Il est donc nécessaire de disposer d’un mandat juridique approprié, avec des rôles et des responsabilités bien définis, des ressources adéquates et des interactions avec d’autres agences. 

Il est également nécessaire de renforcer les systèmes régionaux et nationaux liés aux services météorologiques, climatiques et hydrologiques, aux prévisions et aux alertes basées sur l’impact des risques multiples et à la fourniture de services pour améliorer la prise de décision. 

La Croix-Rouge du Belize a fait part de son expérience lors du passage de l’ouragan Lisa et des difficultés opérationnelles rencontrées, notamment en ce qui concerne la coordination des interventions en cas de catastrophe. Bien que la société nationale ait généralement essayé d’inclure l’organisation nationale des catastrophes dans sa coordination, sa planification et son évaluation, et qu’elle ait essayé de partager les informations pertinentes, elle a constaté qu’il n’y avait pas de partenariat mutuel et que ses efforts de coordination étaient rarement reconnus ou réciproques. Il en a résulté des doubles emplois dans les évaluations effectuées et les secours distribués, ce qui a entraîné des coûts inutiles et des retards injustifiés en raison de la nécessité de retourner dans les communautés touchées. 

Pour d’autres aspects de la réponse, tels que la distribution de bons d’achat et de colis alimentaires, il y a eu plusieurs disparités, les membres des communautés ayant reçu des bons d’achat et des colis d’un montant variable de la part de différentes organisations. Les activités de nettoyage et d’assainissement ainsi que les évaluations initiales ont également connu des retards et des difficultés supplémentaires en raison du manque de coordination entre les infrastructures gouvernementales et les entités de travaux publics pour un dégagement rapide des accès et des voies d’eau.

Pour gagner du temps et économiser des ressources, il est recommandé que la communication entre les partenaires soit ouverte, précise, claire, opportune et factuelle afin de permettre une mise en œuvre efficace et sans heurts des interventions mutuelles. En outre, il convient de normaliser les modalités de distribution des secours (quoi, comment, quand, par qui et à qui) afin d’éviter tout problème ultérieur.

À la suite de l’expérience acquise lors de l’ouragan Lisa, le partenariat avec le bureau national des catastrophes s’est considérablement amélioré. Il a révisé et mis à jour les plans opérationnels et de catastrophe, les stratégies et d’autres documents d’orientation en mettant davantage l’accent sur l’amélioration et le renforcement des capacités des communautés vulnérables en collaboration et en coordination avec des partenaires, comme la Croix-Rouge du Belize, qui travaille déjà sur le terrain. 

En outre, en octobre 2023, la Croix-Rouge du Belize a signé un protocole d’accord avec son bureau national des catastrophes, qui promeut un esprit de coopération étroite par le biais de consultations régulières sur des questions d’intérêt commun et encourage les partenariats et la participation à des questions d’intérêt mutuel. Le protocole d’accord prévoit également une coopération pour renforcer la résilience des communautés au Belize dans plusieurs domaines, notamment la gestion des catastrophes, la réduction des risques de catastrophe et le changement climatique, le droit des catastrophes, la santé dans les situations d’urgence, les secours en cas de catastrophe et les interventions d’urgence, ainsi que l’égalité entre les sexes et la jeunesse. La Croix-Rouge du Belize sensibilisera également les agences gouvernementales à l’ IDRL. 

Cette expérience a souligné l’importance de la manière dont le gouvernement et la Croix-Rouge peuvent bénéficier d’une meilleure coordination, de lignes de communication plus claires et d’une meilleure compréhension des mandats, des principes et des valeurs de chaque organisation. 

Dans la dernière présentation de la session, la FICR a partagé les lignes directrices internationales sur la gouvernance des risques de catastrophes. La gouvernance des risques de catastrophe comprend plusieurs sous-ensembles tels que la réduction des risques de catastrophe, la préparation et la réponse, le rétablissement, la loi internationale sur la réponse aux catastrophes, les urgences de santé publique et la protection et l’inclusion. 

Dans la dernière présentation de la session, la FICR a partagé les lignes directrices internationales sur la gouvernance des risques de catastrophe. La gouvernance des risques de catastrophe comprend plusieurs sous-ensembles tels que la réduction des risques de catastrophe, la préparation et la réponse, le rétablissement, le droit international de réponse aux catastrophes, les urgences de santé publique et la protection et l’inclusion. 

Les lignes directrices sur la gouvernance des risques de catastrophes sont conçues pour soutenir les États dans leurs efforts visant à renforcer la gouvernance des risques de catastrophes et à se préparer juridiquement aux catastrophes. Elles constituent un outil de référence (meilleures pratiques) qui peut être utilisé pour guider l’élaboration et la révision des instruments nationaux.

Pour que l’alerte et l’action précoces soient efficaces, la législation, les politiques et les plans doivent prévoir et attribuer des responsabilités pour chacun des éléments clés d’un système d’alerte précoce et établir des normes pour le contenu, la présentation et la diffusion des alertes. Ils devraient également rendre obligatoires les plans d’urgence qui prévoient non seulement la réaction, mais aussi les actions précoces, et identifier le déclenchement des actions précoces ainsi que ce qui se passe lorsque le déclenchement se produit. Enfin, ils devraient rendre obligatoire la planification des évacuations (personnes, animaux domestiques, bétail) et en attribuer la responsabilité.

Votre Société nationale est-elle prête à intensifier la réponse humanitaire grâce à des communications publiques engageantes et solides ?

La session de communication s’est concentrée sur la question suivante : sommes-nous prêts à communiquer pendant la saison des ouragans? 

Les intervenants ont passé en revue les rôles de la communication publique dans les situations d’urgence, notamment : la narration et la production de contenu, la gestion des médias, la gestion du risque de réputation, le soutien à la mobilisation des ressources et aux activités d’engagement communautaire, ainsi que le renforcement des capacités de communication aux niveaux local et national. 

Ils ont ensuite discuté de l’importance de la narration dans la sensibilisation aux besoins humanitaires, la défense des principes fondamentaux, l’amplification de la voix des communautés et la défense de leurs besoins, entre autres.  

En outre, ils ont présenté une liste de contrôle que les équipes nationales et locales de la Croix-Rouge peuvent remplir pour déterminer leur niveau de préparation en matière de communication publique. Cette liste de contrôle comprend des exigences de base dans des domaines tels que la planification et le financement, les ressources humaines, la production de contenu et les protocoles d’approbation. Cette liste de contrôle, ainsi qu’un guide d’auto-évaluation des compétences en communication, sont disponibles pour ceux qui souhaitent les compléter avant le début de la saison.

En ce qui concerne la production de contenu, l’équipe de communication a présenté sept conseils clés pour la narration d’histoires : 

  • L’humanité, la dignité et la voix des gens sont au cœur de nos récits. 
  • Les histoires que nous produisons doivent être aussi plurielles et diverses que les communautés avec lesquelles nous travaillons. Nous devons inclure autant de voix que possible : femmes, enfants, personnes âgées, personnes handicapées, etc. 
  • L’éthique régit nos communications, nous devons adhérer au code de conduite et respecter le droit des personnes à décider si elles veulent ou non raconter leur histoire. NOUS DEVONS TOUJOURS OBTENIR UN CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ. 
  • Utilisons les voix de la Croix-Rouge, les gens se fient de moins en moins aux médias et de plus en plus à leurs pairs. 
  • Évitez l’utilisation excessive de données, il est plus facile de se souvenir de chiffres à un seul chiffre et il est toujours préférable de les accompagner d’émotions.
  • Les faits et les données ne font pas changer les esprits, ce sont les émotions qui le font. 
  • Soyons conscients du potentiel, des limites et des biais de l’IA. 

Enfin, les panélistes ont rappelé qu’ils sont toujours disponibles pour soutenir les Sociétés nationales, examiner leurs capacités de communication et identifier les domaines à améliorer. Ils ont également partagé des ressources utiles pour se préparer avant la saison : une bibliothèque de contenus liés aux ouragans et autres catastrophes, une banque d’images, des modèles pour développer des messages clés, des plans de communication, des guides pour générer du contenu, parmi d’autres outils utiles qui peuvent être accessibles au public. 

Sécurité opérationnelle dans les situations d’urgence : Reconnaître notre fragilité et tirer les leçons des opérations humanitaires dans des contextes sensibles et complexes

Les employés et les volontaires de la Croix-Rouge font tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver des vies et apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin. Mais comme tout être humain, ces personnes sont fragiles et exposées à des risques : accidents, violence, stress.

De plus en plus d’urgences et de catastrophes surviennent dans des communautés marquées par l’insécurité et la violence. Un bon exemple est l’ouragan Otis, qui a frappé des régions du Mexique où les conditions de sécurité rendent difficile l’accès aux communautés les plus touchées.

Opérant dans des contextes aussi sensibles, les Sociétés nationales doivent comprendre comment elles sont perçues et améliorer leur niveau d’acceptation, de sécurité et d’accès aux personnes et aux communautés dans le besoin. Pour ce faire, elles s’appuient sur le Cadre pour un accès plus sûr, un ensemble d’actions et de mesures fondées sur les Principes fondamentaux et d’autres politiques du Mouvement, qui les aident à atténuer les risques auxquels elles sont confrontées.

Ces mesures sont souvent simples à mettre en œuvre et portent sur l’analyse du contexte et des risques, les bases juridiques et les politiques, l’adhésion organisationnelle et individuelle, la communication et la coordination internes et externes, et la gestion des risques opérationnels. Ces éléments sont comme les maillons d’une chaîne : interconnectés et interdépendants.

En septembre 2023, l’Otis a touché terre à Guerrero, un État qui compte des groupes civils armés et abrite des groupes subversifs. Pour réagir, la Croix-Rouge mexicaine a mis en œuvre le cadre pour un accès plus sûr et des outils de gestion des risques opérationnels, avec deux objectifs : s’occuper avant tout des volontaires et identifier les risques acceptables. Six leçons ont été tirées de cette opération:

La maîtrise de la communication opérationnelle est vitale. L’accès aux communautés pour apporter de l’aide dépend de notre capacité à expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons et ne faisons pas, comment et avec qui nous le faisons.

L’adaptation de nos outils et de nos expériences est essentielle. Il n’y a pas deux situations d’urgence identiques, et encore moins dans des contextes complexes comme celui-ci, qui nécessitent des solutions sur mesure.

Des distributions sûres protègent le volontaire et la communauté. Il s’agit de préparer minutieusement la logistique, d’identifier l’espace de distribution, de le contrôler avant le début de la livraison, d’anticiper les foules et d’effectuer des livraisons contrôlées.

Notre visibilité doit être maximale. Le personnel, les véhicules et les installations doivent être identifiés. L’utilisation de l’emblème fait la différence.

La santé mentale des volontaires doit être une priorité. Dans le cycle de réponse aux catastrophes, les tensions dans les communautés touchées augmentent dans les deux semaines qui suivent un choc, alors que la capacité des volontaires à gérer leur stress tend à diminuer. C’est pourquoi les rotations du personnel et des volontaires sont essentielles et ne peuvent être négligées. 

Les scènes, les émotions et les situations que nous vivons en situation d’urgence nous stressent et poussent notre esprit à ses limites. Le stress peut nous amener à prendre des décisions erronées et dangereuses, c’est pourquoi il est essentiel d’investir dans la santé mentale. La formation, les simulations, les séances de thérapie et la préparation émotionnelle avant les catastrophes sont essentielles pour que nous puissions réagir en toute sécurité, de manière efficace et dans le respect de la dignité des croisés eux-mêmes.

Actions anticipatoires et systèmes d’alerte précoce : Les expériences de la Croix-Rouge en Jamaïque, au Mexique et en Equateur

En ce qui concerne les actions d’anticipation au niveau régional, 14 pays sont impliqués dans des actions d’anticipation et certains ont déjà élaboré des plans sur ce thème. En 2023, la plupart des plans d’action anticipatoire concernaient les inondations et la sécheresse. Plus de six 000 personnes ont été formées à l’action anticipée et plus de 4 600 familles ont reçu une aide humanitaire. 

La Croix-Rouge Jamaïcaine a expliqué comment elle travaillait avec les communautés pour renforcer les mesures d’anticipation au niveau local et a mis en évidence quatre éléments essentiels pour faciliter l’efficacité des mesures d’anticipation et des alertes et actions précoces. 

  • Équipes communautaires d’intervention en cas de catastrophe (ECID) – les actions précoces sont mieux menées par les communautés et doivent être incluses dans le processus communautaire de gestion des risques de catastrophe. Les équipes communautaires d’intervention en cas de catastrophe doivent être efficaces, bien formées et mobilisées. Les ECID passives doivent être réactivées et ré-engagées et, en cas de lacunes, de nouvelles ECID peuvent être formées. 
  • Des partenariats efficaces – La formation de partenariats au niveau local avec des agences gouvernementales et non gouvernementales est essentielle pour renforcer les actions et les alertes précoces. 
  • Personnel et bénévoles bien formés – il s’agit d’une lacune qui a été identifiée, mais le CCR s’efforce de veiller à ce que son personnel et ses bénévoles soient formés aux actions d’anticipation afin de soutenir les communautés. 
  • Un financement adéquat – permet de s’assurer que nous disposons de systèmes d’alerte précoce efficaces et adaptés aux risques prévus ; par exemple, en Jamaïque, la plupart des communautés sont touchées par les inondations et les glissements de terrain. Le CCR recherche également des possibilités de renforcement des capacités et de financement à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement de la Croix-Rouge. 

D’une manière générale, il est important de veiller à ce que les communautés connaissent les risques auxquels elles sont exposées et sachent comment mettre en œuvre des actions d’anticipation pour faire face à ces risques. 

La Croix-Rouge Mexicaine a fait part de quelques réflexions sur la manière dont elle a vécu l’impact et la réponse à l’ouragan Otis en octobre dernier.  

En l’espace de quelques heures, Otis est passé d’une tempête tropicale à un ouragan de catégorie 5, ce qui a laissé peu de temps pour surveiller la situation et lancer une alerte. 

À l’arrivée sur la zone de travail, l’assistance s’est concentrée sur les premiers besoins de la population, tels que la nourriture, les abris, l’eau et l’assainissement. Cependant, la population s’est interrogée sur les raisons pour lesquelles elle n’avait pas été avertie à temps du danger que représentait Otis. L’avertissement qu’ils ont reçu les préparait à un ouragan de catégorie trois, comme d’autres qu’ils avaient affrontés dans le passé, mais il s’est avéré être un cyclone dévastateur de catégorie cinq. Si la population ne reçoit pas l’alerte à temps et avec des informations actualisées, aucun système ne peut être efficace, même si nous disposons d’outils adéquats.

Ils ont ensuite expliqué comment ils ont travaillé à l’amélioration du système d’alerte précoce grâce à l’élaboration d’une étude sur la résilience de la communauté, à l’analyse des vulnérabilités et des capacités, et à l’identification des domaines de collaboration possibles entre les différents secteurs.  

Ils développent actuellement des actions visant à étendre les systèmes d’alerte précoce par le biais d’activités d’engagement communautaire, la mise en œuvre de méthodes de surveillance locales et la planification communautaire basée sur l’adaptation des stratégies nationales.  

La Croix-Rouge Hondurienne a expliqué comment elle a évolué, passant de plans d’action précoce institutionnels à leur adoption par les institutions gouvernementales et les communautés, qui sont les premières à réagir aux situations d’urgence. 

En 2023, elle a réussi à créer un groupe consultatif technique pour les actions anticipées avec différentes institutions gouvernementales et non gouvernementales. Ils ont élaboré le premier protocole d’action précoce (PAP) mondial pour la mobilité humaine, un PAP pour la sécheresse et un PAP pour les tempêtes tropicales. Ils ont collaboré à la création de comités d’urgence municipaux et de comités d’urgence locaux, qui ont reçu une formation adaptée à l’action précoce.  

Dans le cadre du partenariat programmatique entre l’ IFRC et l’Union Européenne, ils développent un système d’action précoce pour l’un des secteurs les plus touchés par les inondations dans la zone nord, la vallée de Sula, un secteur qui est devenu de plus en plus vulnérable depuis l’impact des ouragans Eta et Iota. Ce plan vise à faire en sorte que, 10 à 15 heures avant l’urgence, les équipes d’intervention dans les communautés disposent déjà des prévisions qui leur permettent de se préparer. Actuellement, elles les reçoivent trois à cinq heures avant l’événement éventuel. 

Enfin, la Croix-Rouge équatorienne a partagé son expérience dans le développement de PAP pour les pluies associées au phénomène El Niño dans la zone côtière.  

Depuis 2017, elle travaille sur le thème de l’alerte et de l’action précoces en coordination avec différents acteurs gouvernementaux, cherchant à ce que les actions d’anticipation ne soient pas considérées comme faisant partie de la réponse, mais comme une étape préalable. L’inclusion des actions d’anticipation dans la loi sur la gestion des risques récemment approuvée constitue une réalisation majeure.  

Le défi pour la Croix-Rouge équatorienne a été de s’appuyer sur des prévisions. Elle a dû apprendre comment fonctionnent les prévisions, comment les obtenir et comment les inclure dans les actions d’anticipation.  

Parmi les principales mesures prises dans le cadre du PAP, citons la formation des volontaires et du personnel, le prépositionnement des fournitures et l’assistance préalable aux communautés qui allaient être touchées.   

L’un des éléments clés du processus de développement du PAP est la collaboration étroite avec les organisations technico-scientifiques pour travailler à l’amélioration constante des prévisions, afin d’accroître la confiance des communautés. Il est tout aussi important de travailler main dans la main avec les communautés et les acteurs locaux à l’élaboration et à la validation du plan.

Préparation pour une réponse efficace : deux façons simples de mettre en place le mécanisme PER avant le début de la saison des ouragans

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a adopté la stratégie “Préparation des Sociétés nationales à une intervention efficace” (PER) afin de renforcer les Sociétés nationales dans leur rôle d’auxiliaires et de soutien vital en temps de crise. PER, une approche basée sur deux décennies de connaissances, se concentre sur cinq domaines clés : politique et normes, analyse et planification, coordination, capacité opérationnelle et soutien aux opérations. Ce cadre global fournit des orientations pour la mise en place d’un mécanisme solide de préparation aux catastrophes.

Le PSR facilite l’évaluation systématique des systèmes de réponse, permettant aux Sociétés nationales d’identifier les points forts, les faiblesses et les plans d’action. Grâce au bilan saisonnier de préparation, l’un des outils du PSR, les Sociétés nationales peuvent évaluer leurs capacités de réaction, mettre en évidence les domaines nécessitant un soutien et des mesures immédiates pour améliorer l’efficacité.

Ce bilan vise à documenter les enseignements tirés des interventions précédentes, ce qui permet d’affiner les stratégies futures. De cette manière, les Sociétés nationales peuvent rapidement identifier, par exemple, les domaines à améliorer et les ressources nécessaires, qu’il s’agisse de ressources financières ou d’équipes d’intervention rapide.

D’un point de vue méthodologique, la liste de contrôle peut être élaborée au cours d’une session d’une journée à laquelle participent les équipes d’intervention et d’autres unités, en posant des questions telles que : “Notre point de départ est-il adéquat ?” ou “Les composantes opérationnelles sont-elles suffisantes ? Le résultat comprend des actions critiques à court terme et des solutions conçues pour répondre aux contraintes de capacité dans des délais serrés.  

La Croix-Rouge de Belize a utilisé cet outil en 2023, lors d’une réunion préparatoire à la saison des ouragans. Elle a ainsi pu identifier les besoins d’autogestion et les signes d’épuisement des volontaires, la manière d’identifier l’expérience de chaque volontaire et les mesures à prendre pour améliorer la sécurité sur le terrain.

Si le bilan saisonnier de préparation doit être utilisé avant les catastrophes, PER dispose d’autres outils qui peuvent être utilisés dans les premières heures suivant une situation d’urgence. L’un d’entre eux est le “contrôle de la capacité de réaction rapide”. Il a pour but d’identifier les domaines dans lesquels l’opération présente des lacunes ou des vides susceptibles de poser un risque. Il s’agit d’une liste de contrôle très courte comprenant 19 questions réparties dans les cinq domaines de l’approche PER. Chaque question appelle une réponse parmi les trois options suivantes : il n’y a pas d’obstacle dans ce domaine, ce domaine nécessite une action immédiate pour combler une lacune, ou ce domaine nécessite une action corrective.

D’un point de vue méthodologique, cet outil peut être utilisé par le responsable des opérations ou de la réponse aux catastrophes. Il peut être réalisé en deux ou trois heures et ses résultats peuvent améliorer considérablement les interventions d’urgence.

La Croix-Rouge costaricienne a partagé les leçons tirées de l’évaluation PER. Malgré l’inquiétude initiale quant aux résultats possibles, elle considère qu’il est primordial d’identifier les domaines qui doivent être renforcés. Cette société nationale a mené deux évaluations PER et le niveau d’amélioration d’une évaluation à l’autre est tangible.

Le PER permet aux Sociétés nationales de renforcer de manière proactive leurs mécanismes de réponse, garantissant ainsi une assistance humanitaire efficace et en temps voulu. Grâce à l’évaluation stratégique et à la planification collaborative, le PSR renforce la résilience face aux crises.